Emblèmes d’infanterie

Le Triscèle

Hintermann, Katharina. « Le Triscèle. » Revue Militaire Suisse (RMS+), n° T2 – Infanterie, 2024, p. 5. Cheffe communication, Formation d’application de l’infanterie.

Les emblèmes de la Formation d’application de l’infanterie (FOAP inf) trouvent leurs origines dans la culture celtique, remontant à un millénaire avant J.-C. Les guerriers celtes, ayant conquis des territoires de l’Atlantique aux Carpates et de la Méditerranée à l’Asie Mineure, ont inspiré la formation d’application de l’infanterie, qui a adopté le triscèle, un symbole datant de huit siècles avant J.-C.

Pierre gravée de New Grange (Irlande) 3’000 à 2’500 avant J.-C.

Un symbole à double sens

Le triscèle, ou triskèle en breton, dérive du grec ancien signifiant « à trois jambes ». Actif, il se compose de trois spirales orientées dans la même direction, tournant autour d’un centre dynamique. Selon la tradition il peut tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, suggérant un aspect statique et senestre, ou dans le sens dextrogyre, symbolisant une évolution dynamique et enthousiaste. Chez les Celtes, ces deux représentations ne sont pas perçues comme manichéennes, mais comme deux faces d’une même structure évolutive. Bien que souvent associe aux Celtes, le triscèle est un symbole néolithique apparaissant très tôt en Europe et en Asie. Il est aussi un symbole ternaire avec une quatrième dimension : le centre.

Un symbole ternaire actif

Le triscèle est aujourd’hui le symbole interceltique le plus répandu, figurant sur les drapeaux de file de Man et de la Sicile. Dans la mythologie celtique, il incarne le dynamisme de la roue solaire et la triade divine : Lug, le Dagda et l’Ogme, représentant la Terre, le Feu et l’Eau, tandis que l’Air est l’esprit, le souffle. Certains le voient comme le Ciel, la Terre et l’Eau, surveillant l’univers dans trois directions.

Drapeau de l'Ile de ManDrapeau de la Sicile

Drapeau de l’Ile de Man et de la Sicile

Chez les Gaulois, le triscèle symbolisait la continuité du temps : passe, présent, avenir, et les trois âges de la vie : jeunesse, maturité, vieillesse. Ornant glaives, boucliers et bracelets, ce symbole se retrouve sur de nombreux objets gaulois. Les guerriers celtes, organisés en petites unités, comprenaient fantassins, cavaliers et chars, avec une structure trinitaire. Le fantassin gaulois, appelé DRUNGOS, était accompagné du MAGLOS, le chef, et du CAMULUS, le champion. Le cri de guerre CING signifiait « avancer ». Les chefs portaient des casques distinctifs, ornés de cornes ou d’oiseaux, annonçant l’art du blason. L’épée, arme personnelle, était enterrée avec son propriétaire, symbolisant le lien profond entre le guerrier et son arme.

Représentation d’un bouclier Celte, bien qu’aucun bouclier n’ai été retrouvé à ce jour avec un symbole de triskèle.

Dans le symbole de la FOAP inf, le glaive incarne :

  • La confiance de l’État envers ses citoyens ;
  • Notre aptitude à utiliser la force de manière contrôlée ;
  • La tradition séculaire de la Confédération helvétique ;
  • La capacité de la Suisse à choisir son avenir en démontrant sa force ;
  • L’hommage à ceux qui ont servi dans les Régiments étrangers.

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